HORS MODE - HORS MARGE...et alors?
- L'Auteur
- il y a 6 jours
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Dernière mise à jour : il y a 5 jours
Aujourd’hui, la photographie contemporaine est dominée par une quête de naturalisme.
L’image doit être brute, presque documentaire. La mise en scène est suspecte, la couleur trop vive perçue comme vulgaire, et toute forme d’artifice comme un mensonge. Dans ce paysage où l’authenticité est devenue une norme esthétique, j’arrive en contrepoint : flamboyant, coloré, construit. Et je l’assume pleinement !

Je ne cherche pas à faire « vrai ». Je cherche à faire fort. Mon travail est pop, théâtral, kitsch, exubérant. Il évoque le désir, le culte du corps, la superficialité contemporaine : non pas pour les dénoncer, mais pour les observer, les déconstruire et parfois même les célébrer. Je revendique le droit de l’artifice, du décor, du trop-plein. Ce n’est pas un masque : c’est une forme de vérité. LA MIENNE !
En France, on me compare souvent à Pierre et Gilles. Parce que dès qu’un travail est queer, mis en scène et coloré, c’est la seule référence qu’on ose convoquer. Longtemps, j’ai trouvé cela réducteur. Aujourd’hui, je comprends que cette comparaison dit quelque chose d’autre : il n’existe, dans l’imaginaire collectif français (car à l'étranger ce n'est pas le cas), aucune autre figure à qui me rattacher. Être inclassable peut être un isolement. Mais c’est aussi une force et cela veut dire que j'ai toute ma place à ne pas me fondre dans la masse.

Ne pas être à la mode me ferme beaucoup de portes. Celles des galeries qui veulent de l’épuré. Celles des institutions qui préfèrent ce qui ressemble à ce qu’elles connaissent déjà. Et bien sûr, celles des réseaux sociaux, où l’algorithme privilégie les images uniformes, compatibles avec un scrolling passif. Ma saturation dérange. Mon style clive. Ma mise en scène interroge. Et ce n’est pas ce qu’Instagram ou TikTok attend d’un artiste visuel.
L’art doit rester poli, mesuré, instagrammable. Moi, je propose autre chose. Une vision intense, construite, théâtralisée, parfois absurde, parfois sublime. Une œuvre qui ne se fond pas, qui déborde.
Je sais que cela me rend moins visible, moins vendable peut-être. Mais je ne suis pas là pour être tendance. Je suis là pour bâtir un univers, inventer des images et avoir un style reconnaissable.
Je crois que, dans cette époque qui veut tout aplatir, rester hors marge est déjà une forme de résistance.
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